Salamaleikoum!
Dakar, le 15 mai 2008
Salamaleikoum!
Nanga def? Ana wa ker ga? Ana khalè yi? Ça va bien pour nous merci! La famille, les enfants... ça va bien!! C’est du wolof, la langue la plus parlée ici…
Bienvenue au Sénégal! La terre de la « téranga », où l'hospitalité à la mode sénégalaise! Ca fait bientôt 2 semaines jours qu'on est là, à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, chez notre ami et pédopsychiatre le Dr Idrissa Ba. Eh oui, le temps passe vite, depuis le dernier message. Certains se sont impatientés, notamment à Montréal, (hein Jean!), donc nous voici le premier message ! C’est parti pour trois mois!!
Tout a commencé il y a plus d'un an, avec un projet de stage en pédopsy africain pour Julien et, grâce aux connections dunkerquoises (Idrissa est un ancien du service de pédopsy du littoral flamand), une rencontre par mails interposés. Depuis, le projet a grandi et muri et nous voici donc à Rufisque!!
On est arrivé tot un vendredi matin apres quasiment 48h de voyage, entre Mumbai, Paris et Dakar... pas trop frais vous pouvez l'imaginer!! Paris fut l'occasion de passer un premier mai fort agréable, avec retrouvailles de la fratrie des debruynettes, balades et discutailles enrtre amis dans l'ambiance familliale du parc des Buttes Chaumont endimanchées. Puis soirée chez Caro et Jimmy, nos maman et papa parisiens! Merci à tous de votre présence... Merci aux autres d'être avec nous par l'intermédiaire de ce blog!
Donc on disait... Arrivée à Dakar un peu dure... Mais les gars présents à l'aéroport nous mettent vite dans le bain... quels tchatcheurs!! Ils se débrouillent en anglais aussi!! On négocie, sans trop insister un taxi... Un gars monte à l'avant, à côté du chauffeur... Au bout d'un moment on le reconnaît, c'est celui qui voulait nous faire du change sauvage alors que nous étions bien en peine avec nos gros sacs!! Il insiste, nous sort tous les bons arguments. On a l'impression qu'il fait ça par pur philanthropie!! A y voir plus près, c'est loin d'être le cas! Les sénégalais sont bien ce qu'on imaginait de nos expériences antérieures: parmi les meilleurs commerçants du monde!!
Nous découvrons sur la route, notre nouvel univers, celui de l'agglomération de Dakar et ses 5 millions d'habitants. Ce qui frappe, c'est le paysage désséché, jaune, la poussière, avec quelques plantes et arbres, dont les magestueux baobabs bien mastoc! Pas de pluie depuis des mois donc les feuilles sont tombées, en attendant « l'hivernage » ou saison des pluie qui commence en juin.
Les habitants s'agitent, les transports locaux se remplissent et repartent dans des nuages de fumée. Les véhicules sur la route sont de tous ages et toutes sortes. Du vieux bus Tata (les indiens sont là), à la mégane toute neuve en passant par une bonne vieille peugeot. Certains de ces bus, les camionettes mercedes blanches sont appellées « niag ndiaye » du nom du gars qui a eu l'idée d'utiliser ces robustes véhicules. Depuis nombreux sont ceux qui l'ont imité, et donc circulent de nombreux cars identiques, blanc. On a donc l'impression fausse qu'il s'agit d'une compagnie oranisée!! Une histoire de mode, rien de plus!!
Des animaux, chèvres, vaches, moutons, chevaux, se baladent. Le soleil matinal est déjà bien présent. Le vent du large ramène une fraicheur bien agréable. En effet, Dakar est au bout de la péninsule du cap vert, et donc profite de la fraicheur de l'océan atlantique (l'eau doit être à 18°C en ce moment). On sent tout de suite la différence quand le vent est absent en millieu de journée!!
Au bout de la route, déjà bien embouteillée, alors qu'il est très tôt, on retrouve Idrissa à l'entrée de Rufisque. Salutations amicales. On se connait que par internet interposé, pourtant on se salue comme si l'on s'était vu la veille. Salamaleikoum? Comment tu vas? Bien, bien merci... C'est un peu ça l'accueil, la chaleur et la simplicité sénégalaise! Que ça fait du bien d'être ici!
On découvre le quartier d'Idrissa et de sa famille. Son épouse, Diatou, et ses trois enfants : Mohammed, 7 ans, le fan de technologie et de jeux vidéo ; Sarah, 4 ans, une petite montée sur piles électriques, fort attachante et Céni, 6 mois, la petite dernière, un bébé bien énergique !!
On rencontre d’autres membres de la famille, nièces, neveux, oncles, parents, ainsi que des jeunes du quartier. Ce quartier résidentiel est en pleine construction, à la périphérie de Rufisque, une ville à 25 km de Dakar. Les maisons semblent sortir de nulle part, dans cette savane arborée, bien sèche, en cette saison. On est ici au calme, loin de l'agitation de Dakar. On en profite pour reprendre des forces. Ces premiers jours seront passés au lit... Le contre coup du décalage horaire et culturel...
On prend connaissance de notre nouvel environnement. Rufisque, et son marché, sa vieille ville coloniale. Les vieux bâtments nous rappellent que la ville fut l'un des premiers comptoirs français ici, avec St Louis, l'île de Gorée, et Dakar. L'une des 4 « communes » où les habitants avaient un statut avec une « certaine reconnaisance » de leur citoyenneté française. Au delà c'était la brousse et le reste de L'AOF (Afrique Occidentale Française), les « indigènes » exploités, réduits en esclavage... Ceux qui veulent en savoir plus, on vous conseille la lecture de « Terre d'ébène » d'Albert Londres, disponible en poche. Un récit de voyage de 1928, où l'on se rend compte que l'esclavage n'a jamais été abloli dans les colonies françaises d'afrique. La « machine à banane » (le terme effoyable de l'époque pour désigner les africains) fut la seule « machine » employée avec grandes pertes pour construire routes, voies ferées... Alors que les anglais et les belges utilisaient de vraies machines pour un développement plus poussé de leurs colonies. Malgré toutes ces horreurs, les africains nous accueillent toujours à bras ouverts. Ca nous surprendra toujours!!
On s'est aussi promenés dans Dakar, en faisant connaissance avec les pickpockets du centre ville. Suffit de crier fort et ils nous rendent notre appareil photo, ayant trop peur de se faire lincher par la population!! (On a lu des faits divers de la sorte dans la presse). Chez nous, la foule peut rester ici de marbre... Ici elle intervient, elle est rassurante. On est jamais seuls, et nombreux sont les gens honnêtes voulant nous venir en aide!! Donc pas de soucis. On sera juste plus vigilants la prochaine fois!!
( hé oui, vous ne rêvez pas, il y a bien une baraque à frites Wolof sur le port de Dakar... les baobabs dans l'arrière plan la rendent moins ch'ti non?)
La ville de Dakar est très étendue, avec un grand port, on en a pas vu grand chose pour l'instant. Nombreux sont les restes de la colonisation française, avec de nombreux bâtiments : la chambre de commerce, l'hotel de ville, le palais du président de la République (« Maitre » Abdoulaye Wade, comme il se fait appeler, on reparlera de ce personnage et de la situation politique locale). On passe devant la cathédrale avec le tout proche « Institut Jeanne d'Arc » où notre Antoine Hennebo de Bray-Dunes a enseigné trois années durant avant de rejoindre la Thailande (cf notre voyage thailandais)...
Et puis au boulot!! Assez rapidement, on accompagne Idrissa dans ses activités, entre l'hopital national psychiatrique de Thiaroye (proche de Rufisque) où se trouve son service (de consultation et de prise en charge de jour de pédopsy), et le service de psychiatrie du CHU de Fann à Dakar. Fann est un peu la « mecque » de la psychiatrie francophone en afrique. Depuis les années 60 et l'arrivée du Pr Collomb... Pour Elise, il s'agit de prêter main forte au service social de l'hopital, et aussi de prendre contact avec des ONG du coin...
Les choses se mettent en place tout doucement! En tout cas, c'est fort intéressant, par l'étendue des découvertes culturelles (les croyances locales), qui sont à prendre en compte dans les prises en charge . D'ailleurs, Idrissa a eu fort à faire avant notre arrivée, avec une épidémie de malaises et de crises « hystériformes » dans les collèges du pays (plus de 200 cas en quelques semaines). Le phénomène a entrainé un débat national, et chacun, parents d'élèves, marabouts, guérisseurs, imams, médecins, ayant son mot à dire. En tant que coordonnateur de la psy au niveau du ministère, il a eu à intervenir et mettre en place un place un plan d'action... et répondre aux jounalistes, devenant une star de la télé!!
On a quand même profité de la scène artistique de Dakar qui est riche ! Le 11 mai est l’anniversaire de la mort du reggae-man Bob Marley. Un quasi jour férié en afrique ! Tellement sa musique et son message en faveur de la libération de l’homme noir, ont un écho immense ici. Ce jour est l’occasion de concerts et de fêtes, comme le festival de reggae que l’on a vu au stade Bemba Diop, avec de nombreux groupes sénégalais (qui chantent en Wolof et en français) comme Dred Max, qui nous a bien plu. La tête d’affiche, l’Ivoirien Alpha Blondy, le pionnier du reggae africain, nous a bien déçus, dans son délire mégalo-mystique… Il a mal tourné le alpha, maintenant que Tiken Jah Fakoly l’a détroné au niveau popularité. Il supporte mal d’être deuxième !! Et donc il ne trouve rien de mieux que d’insulter son rival !
On était accompagnés du sympathique Aarpul et de sa joyeuse bande. Un des piliers de la communauté « couchsurfing.com » dakaroise. Un sacré type ! Fort accueillant et protecteur, comme sont les gens ici !
Après cette acclimatation chez Idrissa, on s’est trouvé a proximité un superbe « studio » à louer… Il doit bien faire dans les 80 m2 ! Et comme on ne transporte pas de meubles dans notre sac à dos, c’est un peu épuré au niveau déco !! On vous envoie les photos dès que possible !! En tout cas ça fait du bien de se poser pour quelques mois, après avoir joué aux nomades depuis Buenos Aires en novembre !!
Bécots
Elise et Ju
Hé les chtimis ! Profitez bien du début d’été ! En cas de rupture d’approvisionnement en soleil, vous pouvez toujours venir vous fournir ici !!