Bombaysers de... Mumbai!!
Mumbai (Bombay) le 30/04/08
Namaskar!!
Bombaysers de Mumbai, derniere étape de notre itinéraire indien, une mégapole de 15 millions d'ames... la plus grosse ville du pays!!
Entre temps, la derniere lilloise, tite Alice, a repris un vol à Bangalore, apres un bon petit resto aux plats de l'ouest.. et nous, nous avons parcouru pas mal de route vers le Nord!
Quelques mots et photos donc de nos dix derniers jours. On apprecie toujours la magie de chaque instant, le spectacle de la rue.. les contrastes d'odeurs, de matieres, de couleurs... les ordures cotoient les plus beaux tissus des femmes, qui comme les hommes, se doivent d'être bien habillées en toute circonstance, meme si c'est pour s'asseoir par terre dans un train!! Par la qualite (et donc le prix) de l'habillement, se distinguent les classes sociales... On nous a souvent dit que les castes n'existent plus, et en effet, y faire reference est hors la loi. Mais on a bien l'impression qu'elles sont substituées par des inegalites sociales énormes, criantes et bien visibles.. peut etre les plus grosses au monde?? A part dans le Kerala, ou ils sont moins nombreux, les mendiants nous rappellent les difficultes quotidiennes de nombreux indiens, (meme si la classe moyenne grandit), pauvrete et illetrisme... Et quand le handicap et la maladie s'en melent... On nous raconte des choses atroces par rapport à la mendicité: les personnes handicapes sont exploitees par des "souteneurs", ou pire, certains enfants sont mutilés pour être "rentables" dans la rue.. comble de l'horreur!! A notre place, il est impossible de "sauver le monde". On renonce à notre « toute puissance », pour distribuer de temps en temps quelques roupies, mais surtout essayer de consommer « intelligent », comme dans certaines boutiques et réseaux de tourisme équitable... Quand c'est possible!! Le but : depenser un peu plus tout en sachant que l'argent permet de rémunérer les travailleurs correctement. Ce fut le cas par expemple à Hampi lors de la visite de la boutique et de l'atelier du kishkinda Trust (site web) . Une organisation basée dans le village de , en face de la cité historique, l'occasion d'une balade à velo sous le cagnard. En effet Hampi fut l'etape la plus chaude du periple indien... 42°C l'aprem... Donc on a baladé nos litres d'eau!!
Hampi est une petite ville construite sur les ruines d'une ancienne capitale des Vijayanagar. Un empire Hindou du 13ème au 16ème siecles apres JC, qui a conquis à l'époque une bonne partie de l'Inde du sud, résistant aux sultanats musulmans du nord. Les quelques maisons, dont beaucoup de « guest houses » sont parfois construites dans les ruines, autour d'un enorme temple en activite.
On y arrivé lessivés, au petit matin, apres quelques déboires mécaniques (la premiere fois en Inde) qui nous ont permis d'observer le reveil d'un village et le debut des activites domestiques, l'ouverture des boutiques, l'animation de la rue... Dont le ballet des animaux, de cette vachette qui vient chercher au comptoir d'une épicerie son morceau de sucre matinal... probable rituel!!
Hampi quant à elle, se reveille de plusieurs jours de fêtes dédiées à Shiva... ou Vishnou?? On a toujours autant de mal a se repérer dans la mythologie hindoue. Une vie entiere semble nécessaire pour y connaître quelque chose, tant les écrits anciens sont nombreux, complexes, et les histoires, les dieux et leurs reincarnations nombreux... Le village au petit matin donne un spectacle assez hallucinant: des hommes et des femmes émergent de partout... En effet, les nombreux pelerins venus ici, dans ce lieu saint, ne dorment pas à l'hotel, mais dans la rue, à meme le sol, ou encore dans les nombreuses ruines qui entourent le site. Les petits commerces de rue ouvrent, les premieres offrandes de poudres rouge et jaune ou d'encens ont lieues. On nous propose le petit déj' du coin: thé au lait et galettes de farine de riz cuites a la vapeur (les « idly ») avec sauce epicée, bien sûr!. Le curry au reveil, on s'y fait au bout d'un moment. Le fait de voyager aussi longtemps nous impose, chose difficile pour nous frenchies, de perdre tout espoir de manger comme chez maman, et donc de savourer la nourriture locale sans se dire « vivement que je retrouve mon steack frites »!!
La fête a du être belle hier! Deux énormes chars se dressent fierement devant le temple, dans l'axe principal du village, pleins de couronnes de fleurs... Le sol est jonché de détritus, comme souvent ici. Les vaches, les porcs se baladent; les vendeurs ambulants s'installent, notamment pour vendre des noix de coco et des bananes devant le temple, servant d'offrandes.
Nous avons passé d'agréables journées à nous balader dans les ruines de cette magnifique cité. Celle-ci comportait plus de 500 000 habitants au 15ème siecle. Une des plus belles capitales au monde d'où affluaient nombreux voyageurs et marchants arabes, européens, émerveillés par tant de richesse... Il reste surtout de cette période, de magnifiques temples et quelque palais, dont notamment les écuries des éléphants. Comme partout, on est jamais seuls très longtemps, donc de 2 on passe vite a 20 quand une famille vient nous voir pour nous demander une photo de groupe. On s'execute volontiers tant la situation nous fait sourire!! La vie de star, ça nous connait maintenant!!
Le site même de Hampi nous a conquis... une plaine traversée par une rivière, et parsemée de monts et monticules de pierres de granit, comme des tas de cailloux déposées par des géants, façonnés par l'érosion. Le tout dans une verdure, faite de bananeraies, de champs de canne à sucre, d'arbres fruitiers... L'occasion d'une balade a vélo, mais aussi d'une aprem farniente a l'ombre d'un manguier, tellement la chaleur est écrasante. L'occasion aussi d'admirer des couchers de soleil superbes, alors que la population sort pour se rafraichir...
La veille du départ, on a la chance d'assister à une cérémonie. Dans le bassin en contrebas du temple, une statue d'idole (shiva?) est deplacée sur un radeau, avec néon et groupe électrogène, entourée de fleurs et d'encens. Une foule nombreuse assiste dans les gradins à l'évènement, avec feu d'artifice et percussions bien sonores. Des jeunes sautent dans l'eau trouble pour faire la course. Au bout d'un certain temps, le radeau rejoint le bord, l'idole est benie par le gourou local et les pretres brahmanes qui l'entourent. Elle est ensuite chargée sur un chariot. Le cortège se met en branle, précédé d'un éléphant orné de parures, et de musiciens. L'ensemble s'arrete devant le domicile de habitants souhaitant faire des offrandes, à coup de noix de coco eclatées au sol. On assiste à cela, en compagnie de Johan, un jeune suédois, sans comprendre grand chose, mais fascinés par ces rites plusieurs fois centenaires (vieux 1400 ans nous dira-t-on, alors que l'hindouisme a plus de 3500 ans!!).
La fin de la cérémonie se déroule dans le temple, où notre présence discrète (sans faire de photos) est tolérée. L'idole est placée sur une sorte de balançoire tandis que les brahmanes entonnent des mantras (les prières). La scène est éclairée par des lampes à huile de coco. La musique continue, avec percussions, plus une sorte de hautbois et un espèce de bandonéon. Une citrouille est violamment brisée au sol. L'éléphant est toujours là; on a l'impression qu'il connait le cérémonial par coeur!! Combien de temps s'est écroulé? Impossible à dire. La cérémonie s'arrête d'un coup... On rentre se coucher encore enivrés des vapeurs d'encens et d'huile de coco brulée, contents d'avoir assistés a quelquechose d'incompréhensible, certes, mais magique!!
Le voyage continue, en train cette fois-ci, jusque l'ancienne colonie portugaise de Goa. Le dernier état indien libéré et le plus petit aussi. Faut dire que les portugais et Salazar se sont accrochés à leur capitale asiatique! Alors que l'Inde est indépendante en 1947, les indiens attendront une solution pacifique jusque en 1961 pour finalament envoyer l'armée et reprendre Goa en quelques heures. Tolérants ces indiens non?
Le voyage en train fut l'occasion de traverser de magnifiques paysages. Du plateau semi-aride du Deccan où se situe Hampi, le train, en arrivant à Goa, traverse la chaine des Ghats occidentaux, monts de 1000 m d'altitude environ, dans une végétation luxuriante, avec de magnifiques chutes d'eau. On descend ensuite vers la plaine littorale, tres verte, au climat chaud et humide.
On decide de se poser en ville, à Tanjim, la petite capitale de l'état, à l'ambiance portugesh bien calme. Trop calme? Certains édifices, dont les églises de velha Goa, ont un air de Lisbonne, ainsi que les azulejos qui les décorent. Les patronymes des 30 % de Goannais de souche (des De Souza, Araujo, Afonso etc..) qui parlent portugais (ou le dialecte local) entre eux, ainsi que les robes a fleurs des mamies à chignon, nous rappellent que les portugais se sont massivement métissés à la population locale, d'où l'ambiance si particulière de Goa. Si peu indienne? On est surpris par l'attitude des locaux à notre égard. Indifférents, voire pas très sympas des fois. En ont-ils marre de voir des touristes?
En effet depuis l'arrivée des hippies dans les années 60, Goa est un haut lieu du tourisme de masse, drainant des jeunes ou moins jeunes décidés à s'éclater (et des fois s'en mettre plein les narines) dans des « full moon parties ». La techno « transe-goa » a remplacé le rock des premières années. En plus de la fête, les occidentaux viennent biensur profiter du soleil et des plages « cartes postales » bordées de cocotiers. Et parfois comme on aura l'occasion de le voir, dans des tenues loin des coutumes locales. Pour ce qui est des femmes indiennes, qui se baignent habillées, le maillot de bain est choquant mais toléré pour les occidentales, le top less et le nudisme (on en a vu!!!) est carrément indécent!! La plage est donc un curieux mélange d'occidentaux à moitié à poil et de groupes de jeunes hommes indiens qui font des allers-retours pour se rincer l'oeil, voir prendre des photos avec leur portable!! Il paraît que certains viennent à Goa exprès pour ça!! Donc on est restés tranquillement à l'ombre à bouquiner sur une terrasse... et pas de baignade pour Elise!!
Meme si le site, les paysages et les communes de Goa sont superbes, c'est peut être l'étape indienne qui nous a le moins plu. Donc on déconseille pour ceux qui veulent rencontrer de sympathiques indiens!!
Dernier saut en train de 12h (pour 600 km) et nous voici à Mumbai, anciennement Bombay. L'immensité de la ville nous a poussés à préparer le terrain. On est attendu chez Chondamma, une jeune indienne que nous avons rencontrée par le site couchsurfing.com. Elle habite dans le quartier de Santa-Cruz, au nord. Pour la retrouver, nous faisons connaissance difficilement avec le train de banlieue. L'endroit est bondé, des hommes se tiennent dehors sur le marche pied, la montée dans le train est une gigantesque bousculade. Avec nos sacs lourds, pleins de nos achats, fatigués apres le long trajet, on se demande bien comment faire! Malgré la ville et la foule, on est bien en Inde et nombreux sont les gens prêts à nous aider et nous conseiller. On finit par sauter dans un train et arriver à destination.
Chondamma est une sympathique jeune fille de 29 ans, qui nous accueille dans son bel appart. Son colloc voyage, comme nous, donc on a le droit à s'installer dans sa chambre!! Elle fait partie de la jeunesse « libérée » de Mumbai. Elle fait du design dans la pub et vit seule, célibataire, ce que ses parents, à Mysore, ont du mal à comprendre. « Ils ont même essayé de me marier, une fois, en m'envoyant les coordonnées d'un gars, dont l'horoscope était compatible avec le mien! J'ai résisté, et maintenent je suis tranquille » nous dira-t-elle.
On est magnifiquement bien accueilli, avec resto offert par un ami Pareshwar, qui est un amateur de la culture française. Il voyage tous les étés en Europe, avec chaque fois une étape parisienne. Certains d'entre vous le verrez peut être à Lille cet été? En tout cas on se recroisera c'est sur.
Cette dernière étape est pour nous l'occasion de faire jonction avec la caravane Breuillard du nord de l'Inde! Remi et Frédérique sont en baroude depuis un mois, entre Dehli, Benarès, le Rahjastan... On les retrouve contents, un peu amaigris par la rudesse du nord! Et on passe d'agréables moments ensemble à échanger nos expériences et nous balader en ville. Mumbai est sur une presqu'île, au milieu d'une baie (la « bom bahia » des portugais, d'où le premier nom de la ville) Le centre ville etant tout au bout, la circulation est plus que difficile!! On parvient tout de même dans les beaux quartiers du Fort et de Colaba, où l'empreinte british se fait sentir par de superbes edifices d'un mélange architectural curieux: néo gothique anglais et indo-musulman. La « Victoria Station » en est l'emblème.
Dans certains quartiers les gosses jouent au cricket dans la rue. "Le" sport national indien...
Les nombreux marchés et bazars sont le paradis du shopping indien! Idéal pour réaliser les derniers achats! On trouve de tout à Mumbai!
Cette ville nous a agréablement surpris, dynamique, jeune, curieuse et ouverte. Quelques jours supplémentaires ici ne nous auraient pas déplus. Mais notre avion nous attend. Paris avec une étape en coup de vent... Puis Idrissa à Rufisque, dans la banlieue de Dakar, pour une tout autre expérience... Trois mois sur place pour sentir la culture Wolof de l'intérieur!!