Dans les Vallées...
Ola Chicos!
On est a Cochabamba depuis vendredi
matin(28/12), après un voyage de nuit en bus assez mouvementé, route non
goudronnée, pluie et route de montagne, heureusement qu’on n'y voyait
rien !! Par contre difficile de dormir dans ces conditions malgré le bus
« cama » (lit) avec sièges inclinables… Pas le grand luxe argentin,
mais fort bien confortable si on compare à certains trajets burkinabés !!
Ici
on est à 2500 m d’altitude dans un climat agréable, de 20 a 30 degrés la journée
selon l’ensoleillement, et comme c’est la saison des pluies en ce moment, on a
des jours bien gris comme dans chnord. Le tout dans une vallée encaissée avec
des pics a plus de 5000m autour, une colline avec la plus grande statue du
christ au monde, 33m de haut (eh oui, dans ce pays ya beaucoup de « plus … du
monde » !!). 1,6 millions d’habitants, la troisième ville de Bolivie,
voila pour le décor …
Depuis le dernier message, on a bougé de
Potosi le 24/12 car Ju supportait plus l’altitude (4100m)… Donc bus direction
Sucre, prononcer « Soucré ». C’est la capitale historique du pays,
depuis son indépendance en 1825, proclamée ici
(dans la casa de la
independencia) par le libertador vénézuelien Simon Bolivar, d’où le nom du
pays qui du « Alto Peru » devint Bolivia de son vivant. Pas la
grosse tête le gars !! Son second, le maréchal Sucre donna son nom à la
capitale, comme ça la boucle était bouclée. Voici un petit article pour ceux que ca interesse...
Une
ville musée magnifique qui a su conserver l’architecture coloniale de son
centre ville, dans une blancheur de rigueur (interdit de peindre sa maison
autrement !) déclarée patrimoine mondial UNESCO (comme Potosi d’ailleurs).
Un endroit fort sympa pour se balader avec des marchés vivants et pleins de bonnes choses,
mais un peu calme le soir pour une ville
qui prétend à redevenir « capital plena ». En effet, depuis que les
mines de Potosi, proches, ont perdu leur rentabilité et leur niveau de
production, vers la fin du 19ème, La Paz a supplanté Sucre et est
devenue le siège du gouvernement, de la présidence et des ambassades. Sucre a
garde le pouvoir judiciaire (la cour suprême est ici). Ce qui donne un pays à 2 voire 3 têtes dirigeantes (car
Santa Cruz, la plus grande ville du pays, à l’est dans la jungle est devenue
capitale économique, depuis que l’on y a découvert du pétrole et du gaz dans
les années 80).
On y a fêté noël en amoureux dans le sympathique resto de l’alliance française, avec bon gueuleton.
Eh oui un extra
de temps en temps, ça fait pas de mal ! On a bu des cevezas et de la
liqueur de noix avec un groupe de jeunes volontaires belges de Louvain la Neuve
fort sympas… On a vu un film fort intéressant dans un café de gringos tenu par
un néerlandais, « Imagining Argentina », «Disparitions » en Francés, avec Antonio Banderas et Emma Thompson. Fort
intéressant et bien fait si vous voulez en apprendre un peu plus sur la période
de la dictature en Argentine dans les années 70 et des desaparecidos. En plus
il y a pas mal de plans tournés dans le centre de Buenos Aires que l’on a sillonné,
la plaza de mayo et les manifestations de mères des disparus, la Boca (la fin
du film), aussi dans la Pampa…
A
Sucre, on a surtout continué d’en apprendre sur la politique et les mouvements
sociaux fort mouvementés en ce moment. Ainsi Sucre a été le théâtre de
violentes manifestations fin novembre dernier avec 3 morts par balles perdues.
Les jeunes belges qui étaient là nous ont raconté l’état d’anarchie de la ville
pendant 3 jours. La police dépassée a même quitté les lieux ! Se sont affrontés
les étudiants et les habitants de la ville opposés au président Evo Morales
contre les partisans de celui-ci, principalement des paysans indigènes (ou des
mineurs).
(le dernier tag est d'un militant pro-Morales, le croissant représente les départements de l'est du pays, la "media-luna, qui est a majorité blanche, de droite anti-morales)
Les habitants de Sucre, outre le rejet de la nouvelle constitution réclament a corps et a cri leur statut de capitale du pays, qui somme toute semble un peu exagéré pour cette petite ville (300 000 hab) peu dynamique sur le plan économique, mais faut pas trop le dire sous peine de se faire des ennemis !!
De toute façon, on ne cesse de toute façon d’entendre des
discours et versions contradictoires, donc difficile de se faire une opinion…
Vaut mieux ne pas prendre parti, ce n’est pas notre rôle !!! De ces
affrontements, restent des voitures brûlées et des vitres brisées, notamment
celles du siège du gouvernement du département de Chuquisaca (le dptmt de
Sucre). Donc vous pouvez l’imaginer, la Police est revenue en force, donc il y
en à tous les coins de rue et devant toutes les banques. On finit par s’y habituer
et ne plus les voir. En Bolivie, ils ne sont pas armés, sauf pendant les
émeutes, où Morales a envoyé des policiers armés, ce que reproche la population
de Sucre. Par contre en Argentine, il y en avait aussi partout, armés, avec
gilet par balle… « ça fait partie de l’uniforme de base » nous a-t-on
dit !! Pays de gauchos-cowboys… On ne peut s’empêcher de comparer
l’argentine aux USA…
Cette tension s’est apaisée pour les fêtes. Le président a sollicité une trêve. Donc tout est calme maintenant. Le jour de noël, des Ong et des particuliers ont procédé à des distributions de nourriture et de cadeaux sur la place principale à destination des pauvres campesinos (paysans indiens de l’altiplano qui fuient la campagne et s’entassent en ville), du haut de leur pick-up, provoquant bousculades et ruées…
Il y a plein de campesinos en ville qui mendient. Ce qui nous choque, ce
n’est pas leur présence, on en a vu beaucoup plus en afrique, mais le clivage
de cette société. Les mendiants sont exclusivement des campesinos, indiens,
habillés dans leurs costumes traditionnels, au milieu de la foule de bourgeois
et classe moyenne métis ou descendants d’espagnols vivant à l’européenne,
achetant chez Bata des chaussures à 50 euros, et se font des restos à 10 euro
par tête. Pour vous donner une idée du décalage de niveau de vie, on peut
manger un « almuerzo », déjeuner avec menu complet pour 1euro=10
bolivars, dans un « comedor popular », c'est-à-dire une cantine sur
les marchés… Le décalage, le gouffre social est énorme, comme vous le voyez…
Pour vous permettre, et nous permettre d’y comprendre un peu plus sur que vit la Bolivie en ce moment, on va vous faire un essai de synthèse dans le prochain numéro sur la situation socio-politique bolivienne actuelle, qui trouve son origine, bien sur dans l’histoire, la colonisation qui donne au bout de compte un pays divisé, soumis a des tensions récurrentes ethniques, sociales, économiques, politiques…
d'ici là pour les curieux et impatients, un lien vers une série d'articles intéressants...
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